BOOK |
2002 : Mémoire de maîtrise: "Comment la musique questionne-t-elle l'architecture ? "
Tuteur : N. Borg-Pisani
Avant propos
Notre première intuition fut celle ci : le compositeur est un peu comme l’architecte, il doit organiser des objets entre eux bien que leur but et le sens de leur œuvre ne soit pas le même.
L’une s’adresse à nos oreilles, l’autre à nos yeux, touchent bien sur nos sens et éveillent en nous une représentation mais ces deux arts utilisent des moyens différents. Le musicien fait jouer des sons entre eux pendant un laps de temps, l’architecte se joue de l’espace.
Les premiers exemples qui nous sont venus à l’esprit sont ceux ci : on a utilisé le son comme référent lors de la conception architecturale ( voir Pierre Marietan ou Portzamparc ) ou alors on prend en compte le son comme une donnée architecturale (mais on s’éloigne de la musique pour se rapprocher de l’acoustique et des données techniques). Au contraire, on prend en compte la donnée architecturale dès la conception musicale (pour une salle de concert, par exemple, mais là on rejoint encore l’acoustique, on gère des données. Une autre piste concerne la disposition des instruments dans l’espace, gérée par le compositeur, afin de maîtriser les effets de son œuvre, ou bien quand plusieurs médias sont utilisés ( son, image, danse, etc..) dans le cas d’une installation. Iannis Xenakis et Le Corbusier ont travaillé ensemble sur le Pavillon Phillips mais là encore il s’agit de l’analogie, d’une transposition à partir de modèles mathématiques, il s ‘agit d’un travail scientifique.
Nous ne voulions traiter, ni des salles de spectacles, ni des lieux pour écouter la musique, ni de problèmes d’acoustiques mais confronter les théories et les expériences de chacun dès lors qu’il s’agit de créer, composer et donner vie à une oeuvre.
Ce n’était pas une recherche d’analogie, ni d’esthétique comparée, finalement ce nous intéressait portait plus sur la conception et les mécanismes mentaux qui pré existent. Sur les théories développées, les pratiques et les expériences. Comment les deux peuvent être liés de manière plus intime car la vraie question est comment la compréhension de la musique peut-elle nourrir ma compréhension (ma pratique) de l’architecture ?
Ce n’est pas tant comment l’architecte peut servir la musique mais plutôt : la musique peut-elle servir l’architecture ?
Dans correspondance des arts, correspondre : il y a le fait de se répondre et c’est bien cela qui nous intéresse : comment la musique questionne l’architecture, car c’est cette question qui nous préoccupe le plus. Il est intéressant de remarquer que les écrits sur la correspondance des arts sont bien plus souvent le fait des musiciens que des architectes.
Que peut apporter la musique à l’architecture ?
Est ce une question vaine ? Depuis quand a-t-on commencé à se poser la question et sous quels angles la question a-t-elle été abordée? Voilà ce qu’il importait en premier lieu.
Il n’existe pas beaucoup d’écrits sur la question approfondissant vraiment le sujet, doit-on en déduire que le rapprochement est vain et serait le fantasme de quelque uns ? Car leurs matières sont trop différentes virtuel/léger vs solide/statique ? (Car il est inutile de rapprocher ce qui est par définition inrapprochable car trop éloigné ?).
Tout dépend bien sur dans quel contexte historique et idéologique on se place et à quelles définitions de ces arts on se réfère.
Nous nous sommes premièrement intéressé à la correspondance des arts puisque ce travail consistait à comparer deux univers artistiques.
Une autre voie a été celle de lire les écrits philosophiques traitants de notions plus générales mais essentielles : esthétique, le temps, l’espace, la forme. Passer du particulier au général afin de trouver des points communs en élargissant le champ. Mais surtout aller à la source, à l’essence de ces arts. Comparer ce qu’il y a d’essentiel.
Tout cela afin d’avoir à l’esprit une vision plus globale du sujet pour cerner notre centre d’intérêt et pouvoir approfondir une question. Qui a finit par être celle de la conception.
Pour finir nous nous sommes intéressé aux travaux d’architectes et d’artistes ayant clairement dit qu’il travaillait sur l’architecture et la musique (sans développer), nous avons volontairement laissé cela pour la fin car il fallait se constituer un bagage théorique afin de mieux appréhender les œuvres.
Nous avons abouti à une sorte d’atlas des éléments de comparaison entre ces deux sphères d’activité.
Avertissement au lecteur: Nous sommes conscient qu’une telle question si riche en développement mériterait une étude beaucoup plus approfondie que celle permise dans le cadre d’un mémoire de fin de second cycle d’architecture. Certaines notions, importante, sont présentées de façon évasive. Néanmoins, ce travail est la « conséquence » d’un intérêt et d’une motivation pour ce sujet, nous le considérons comme une base à un travail de recherche plus précis. Certaines questions sont soulevées mais non détaillées, non par désintérêt mais par manque de matière et de temps. Nous avons donné la priorité à la musique, considérant qu’étant dans un cycle d’architecture, nous devions nous mettre à niveau sur une matière qui n’est pas enseignée dans notre cursus.
Ce mémoire prend la forme d’un état des lieux de toutes les références que nous avons pu trouver, une base pour un travail de recherche plus approfondi. Une sorte de mémento.
Nous avons volontairement mis de côté les questions du sens de la musique ou de l’architecture que ce soit au niveau philosophique ou spirituel, non pas par manque d’intérêt mais car le développement de tels sujets dépasse amplement le cadre permis par ce mémoire de second cycle.
Il n’y a pas de définition de la musique, ni de définition de l’architecture dans ce mémoire, la seule certitude est que nous nous plaçons dans l’histoire des théories occidentales. Car nous ne sommes pas là pour parler de Palladio, de bonne ou mauvaise architecture ou de la musique des sphères mais plutôt nous interroger sur le présent et le devenir des choses.
|